Dans son édition de février-mars 2021, le magazine autrichien Falstaff a consacré un dossier à la « Dôle et ses sauveurs », parmi lesquels Marion Granges et Marie-Thérèse Chappaz. L’article « Comment les meilleurs vignerons suisses sauvent la Dôle » est également en ligne (en allemand) sur le site internet du magazine.

Les spécialistes en ont profité pour déguster la Dôle 2016: « Bouquet agréablement mûr mais frais avec des notes de compote de fruits rouges, de cerises acides confites et de canneberges. En outre, des notes herbacées-épicées de clématite, de carvi et de réglisse. Juteux et vif en bouche, acidité tendue, tanin fin, beaucoup de baies rouges, longue finale. » (Dégusté par Dominik Vombach et Benjamin Herzog, Falstaff Best of Dôle 2021)

Aussi dans LeRouge&LeBlanc

Dans son numéro 140 du printemps 2021, le magazine LeRouge&LeBlanc a consacré un dossier au Cornalin et à l’Humagne rouge, « deux cépages suisses à découvrir ». Il en a profité pour consacrer un article à Marion (texte ci-dessous) et déguster quelques vins…

Cornalin 2018 – 15,5/20
Nez naturel, riche et fruité (cerise). Une touche anisée et poivrée. Du tempérament et de la fougue. Beaucoup de précision et une acidité juste. Très belle longueur minérale et sapide. Vin droit énergique, jovial, et plein de promesses.
LeRouge&leBlanc n°140

Humagne Rouge 2018 -17/20 (noté de 13, note Isolée, à 18).
Hormis un dégustateur qui reproche un nez peu loquace et une bouche légèrement étroite, tous les autres saluent unanimement la beauté de ce vin. Un nez aérien, naturel et extrêmement complexe (baies de montagne, cèdre, graphite, pruneau). Matière imposante et concentrée, mais avec du dynamisme et de la fraîcheur. Une texture tendue et une persistance saline. « Un délice », résume un dégustateur.

Humagne Rouge 2012 -15/20
Arômes intenses et vineux de petits fruits noirs (cassis, myrtille). Des nuances fuligineuses. Bouche sanguine, fougueuse mais en voie d’être domptée. Une juste maturité.
Finale complexe (prune, cuir, cigare). Vin plein et dynamique.

Humagne Rouge 2009 – 15/20
Notes évoluées de fraise et d’orange, de camphre et de café. Bouche fraîche et suave, joliment structurée.
Remarquablement jeune pour la plupart grâce à sa tonicité: a atteint son apogée pour d’autres. Finale allongée, relevée par une pointe pimentée. Un vin solide pour accompagner un gibier.

Humagne Rouge 2006 – 16/20
Superbe nez concentré, raffiné et complexe (figue, rhum, banane rôtie). Bouche ample, soyeuse et réglissée. « Attaque nordiste et fin de bouche sudiste », relève un dégustateur. Finale veloutée et délicate. Un charme fou. Vin savoureux et assagi, à point aujourd’hui.

L’article dans LeRouge&LeBlanc – PDF

Une autre femme qu’elle aurait pu baisser les bras. Mais après la disparition tragique de de Jacques, son mari, en juin 2016, Marion Granges a décidé courageusement relever le défi de poursuivre l’aventure commencée ensemble en 1971 (R&Bn° 108).
Aventure, le mot est faible pour décrire la passion de ce couple installé dans un vignoble s’étageant entre 740 et 890 m d’altitude pour produire des vins naturels.

De ce petit paradis, que l’on atteint par un sentier escarpé ou grâce à un téléphérique privé, nous avons en effet dégusté avec enchantement des Cornalins énergiques, élégants et vivants. Les Humagnes de Beudon, jeunes (2018 et 2016) ou plus anciens (2012, 2009 et 2006) ont reçu des commentaires élogieux aériens, racés, salins, libres et savoureux.

Les 8 ha, répartis sur dix-sept parcelles exposées au sud, sont situés à Fully sur la rive droite du Rhône. Quinze cépages (dont 0,174 ha de Cornalin et 0,139 ha d’Humagne) issus de sélections massales, poussent sur des sols de nature variée : lœss, éboulis et gneiss. Depuis 1989, les vignes, dont les plus âgées sont septuagénaires, sont certifiés « bio » et enherbées par une flore indigène spontanée; 1992 est l’année de leur certification en biodynamie. Deux cépages résistants interspécifiques, le Chambourcin et le Divico, avaient été plantés voilà près d’une décennie. Marion veut poursuivre ces plantations avec d’autres cépages résistants pour remplacer des vignes trop âgées.
Elle souhaiterait également tenter les… francs de pied.

Les vendanges peuvent s’étaler durant un mois et demi, souvent entre mi-septembre et fin octobre. Les raisins sont pressurés lentement. Le levurage est bien sûr banni, de même que le collage et la filtration. Indiquées sur l’étiquette, les doses de soufre ajoutées à la mise sont infinitésimales. La quasi-totalité des vins est élevée en cuve en inox.

Parmi les cinq ouvriers à temps complet, Marion peut s’appuyer en toute confiance sur Gentil Cardoso, présent depuis 2004. Il est bien secondé par un jeune récemment arrivé, ce qui lui permet de s’occuper de la vinification sous la férule de Pierre-Antoine Crettenant, un vigneron de Saillon qui vinifiait déjà les vins depuis 1995 en accord avec Jacques Granges.

La nature et la biodynamie restent au cœur des préoccupations de Marion. Après de longues batailles avec les responsables des traitements par hélicoptères et par drones, elle et d’autres vignerons viennent d’obtenir que ces traitements répandus au-dessus du vignoble de Fully soient biologiques. Cette femme de caractère trouve également le temps de s’occuper de son verger et de son potager, car elle «ne veut pas seulement produire à boire, mais aussi à manger», tout en se réjouissant des beautés de son paradis. Elle veut reprendre des ruches, car «les abeilles me manquent».

«Au printemps dernier, nous avons été surpris de voir des bouquetins monter dans nos rochers. Quelle joie de découvrir des petits faons nés dans nos vignes, nous faisant presque oublier les dégâts causés par leur grande famille», souligne-t-elle avec émotion.

Rencontrer Marion en son domaine reste un souvenir inoubliable.

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